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Méditation : stress et dysfonctionnements de l'organisme

Dernière mise à jour : 23 févr.

"En entrant dans du stress important quotidien, cette répétition ne permet plus à notre organisme de rester dans sa capacité de régénération et l’adaptation de l’organisme va se solder par un échec"

Concernant l'impact du stress sur l'organisme, on sait maintenant que celui-ci est responsable de bien des déséquilibres, et ne se limite pas qu’à des mains moites, palpitations, ou un mal au ventre. Le stress est aussi hautement inflammatoire ( on dit qu’il est environ 400 fois plus inflammatoire que l'alimentation!) et responsable de bien des dérèglements du corps humain, qu’ils soient internes ou externes, mais savons-nous exactement jusqu’à quel point? Alors, pour bien en comprendre son impact, il nous faut d’abord nous intéresser à plusieurs choses: son fonctionnement propre, la sénescence, et nos chromosomes.

Le stress est une agression subie par l’organisme entier et provoquée par des agents de

toutes natures (émotion, froid, maladie, choc physique, deuil ou évènement traumatisant, travail avec des horaires et cadences difficiles), et détermine toute stimulation qui va

troubler l’intégrité physique ou psychique d’une personne. Mais au niveau du corps humain, le mot

“ stress” désigne la réponse de l’organisme, et tous les dysfonctionnements qui vont résulter de ce qu’il vit comme “agression” : une réponse comportementale, métabolique, ou physiologique .


En cas de stress (physique ou émotionnel), l’organisme est programmé pour réagir en déclenchant ce que l’on appelle une « réponse de fuite ou de combat ». Cette réponse au stress est prévue pour être courte et adaptative, et lorsque nous sommes confrontés à ces situations critiques, dangereuses ou incontrôlables, l'organisme, pour s’y adapter, met en place divers changements métaboliques.

Des messages en provenance de l’hypothalamus sont envoyés aux centres nerveux sympathiques (circuit végétatif), lesquels transmettent le message d’alerte aux glandes surrénales, qui libèrent de l’adrénaline et de la noradrénaline. Ces sécrétions déclenchent la mise à disposition de glucose pour le cerveau, ce qui a pour effet de mobiliser toute l’énergie disponible : la glycémie s’élève, ainsi que la pression artérielle et la disponibilité accrue d’oxygène et de sucre met l’organisme en alerte.

Par ce mécanisme dû au stress, l’encéphale, le cœur et les muscles, sont prêts à réagir, ce qui, en cas de mise en danger, permettra à la personne ( ou animal ) d’avoir une réaction comportementale- physique l’amenant à assurer sa survie. On voit donc que dans certaines situations, comme lors d’un événement dangereux, le stress va être une réaction positive permettant à la personne ( ou l’animal) de mobiliser toutes ses ressources afin de se préparer à deux situations extrêmes : s’enfuir ou faire face et se battre.

Par contre, en entrant dans du stress important quotidien, ou si le stress persiste sur de longues périodes, cette répétition ne permet plus à notre organisme de rester dans sa capacité de régéné-ration et l’adaptation de l’organisme va se solder par un échec, car si l'organisme ainsi que le microbiote intestinal sont assez résilients et peuvent s'adapter à certains déséquilibres, ce n’est qu’à la conditions que ces derniers ne se fassent que sur une courte période, ou soient amenés ponctuellement, et de manière peu répétitive. Les changements métaboliques trop nombreux, trop répétés, trop rapprochés, épuisent notre organisme, nos cellules subissent aussi cette agression quotidienne et se mettent à vieillir, indépendamment de notre âge.

Et c’est là qu’intervient la notion de sénescence…


"Outre le dysfonctionnement métabolique, une exposition prolongée au stress amène aussi un dysfonctionnement du système immunitaire, nerveux, endocrinien, et entraîne aussi une élévation d’hormones"

La sénescence, ce sont les changements anatomiques et physiologiques qui sont associés à la vieillesse: apparition de rides, détérioration du tonus musculaire, articulations rapetissant parce que les surfaces cartilagineuses s'érodent, ligaments qui se calcifient et s'ossifient, tissu osseux devenant plus poreux et plus fragile, seins s’atrophiant et devenant pendants, renouvellement de l'épiderme ralenti, vieillissement des cheveux, voici les réjouissances amenées par la sénescence. Mais si ceux-ci sont le résultat d'un vieillissement naturel de notre organisme, nous ne sommes malheureusement pas tous égaux, et certains vont voir apparaître ces déséquilibres…plus tôt ! Alors certes, il y a une part de programmation génétique, mais pas seulement, et la réponse se trouve du côté de nos chromosomes, de nos cellules, de nos télomères, et ... de la gestion de nos émotions!

Nous le voyons dans l’image ci-contre, une cellule est composée d’un noyau interne dans lequel se trouvent les chromosomes. Le télomère, c’est ce “petit chapeau”,c'est l'extrémité du chromosome, et c'est de sa longueur dont dépend le vieillissement de l'organisme, ou sénescence; en fait, sa longueur est tout simplement un indicateur du vieillissement cellulaire.

Un télomère devenant de plus en plus court montre que des dommages se développent à l'intérieur de la cellule, il est un “ marqueur ” de bonne santé de la cellule. Lorsqu'il devient trop court, la cellule devient tout simplement sénescente, c’est-à-dire que les dommages qui s’y sont développés ont entraîné des modifications moléculaires irréversibles, responsables de l'arrêt permanent du cycle cellulaire.

Mais quel lien avec le stress, me direz-vous ?Et bien, c'est à la recherche médicale et à diverses études génétiques que l'on doit la compréhension de ce lien, en ayant démontré qu'un stress psychologique quotidien important allait impacter nos cellules et raccourcir les télomères de nos chromosomes. Voici donc pourquoi, outre la génétique, nous ne sommes pas tous égaux : chaque fois que, quotidiennement, je ne sais pas gérer mes émotions, je me fais vieillir plus vite…! Mais la bonne nouvelle, c'est que l'on peut donc avoir l'approche inverse: savoir gérer le stress émotionnel intense permettrait de ne pas faire subir de dommages irrémédiables à nos cellules plus vite que prévu .


Toutefois, outre le dysfonctionnement métabolique, une exposition prolongée au stress va aussi entrainer un dysfonctionnement du système immunitaire, nerveux, endocrinien, ainsi qu'une élévation d’hormones aboutissant à une diminution du système immunitaire, un épuisement du pancréas et de la régulation de la glycémie (pouvant conduire à du diabète, par exemple), une perte de masse musculaire, ainsi qu’une une tendance aux ulcérations gastro-duodénales. Et par la production permanente de cortisol, les glandes surrénales vont finir par entrer en état d'épuisement.

Malheureusement pour nous, les dégâts hormonaux ne s'arrêtent pas là, le stress entraînant aussi la libération de nombreuses hormones telles que l’adrénaline, l’ocytocine ou la vasopressine .


Suivant le type de stress rencontré, ces dernières peuvent provoquer une vasoconstriction cutanée affectant la microcirculation permettant de nourrir les cellules de la peau, rendant le teint plus pâle et terne . La zone du contour des yeux étant constituée par une peau très fine, le sang et la lymphe en stagnation sous la peau vont devenir très visibles, plus foncés, plus marqués ; cette vasoconstriction cutanée peut même être à l'origine de la création de poches sous les yeux.

Inversement, dans d’autres cas, le stress va provoquer une vasodilatation, mécanisme correspondant à l’augmentation du diamètre des vaisseaux; c’est ainsi que le visage deviendra plus rouge, dans son ensemble, ou par endroit, sous forme de plaques .


Mais au même titre que la pollution, les UV et le tabagisme, le stress psychologique stimule l’action des radicaux libres dans l’organisme et provoque un stress oxydatif à l’origine du vieillissement cellulaire, impliquant aussi le vieillissement cutané prématuré .

La réponse au stress engendrant une augmentation des glucocorticoïdes, lesquels altèrent la production et la dégradation du collagène, des protéoglycanes et de l’élastine, qui sont les éléments constitutifs de la peau, cette dernière perd en élasticité et en fermeté, la formation de rides et ridules s’accélère, le teint devient terne et des taches pigmentaires peuvent apparaître.

Voici, déjà, une liste fort longue et sympathique des dégâts et actions du stress envers notre organisme! Et si on s'arrêtait là? Malheureusement, les effets délétères du stress concernent aussi notre estomac, ainsi que notre microbiote intestinal, et donc, notre système immunitaire.


Nos bactéries intestinales peuvent supporter un extra alimentaire, par rapport à leurs besoins quotidiens, faire face à certains traitements médicaux, et le microbiote intestinal est capable de se

régénérer lui-même; il en va de même envers son “acceptation” à subir du stress. L’impact de ce dernier sur le fonctionnement du microbiote intestinal, sa capacité de régénération et d'adaptabilité est aussi soumis à la même condition que le reste de l'organisme : que cela reste un déséquilibre ponctuel. Dans le cas contraire, le stress chronique va engendrer diverses modifications au niveau intestinal.


"Le stress et l'anxiété physiologique sont capables d’ accroître la perméabilité intestinale et de modifier les bactéries intestinales, entrainant une augmentation de la perméabilité intestinale et davantage d'inflammation , via le lien existant de l'axe hypothalamus-hypophyse-surrénalien, et une production excessive et/ou quotidienne de cortisol "

Il apparait, depuis plusieurs années, qu'une exposition à du stress intense peut être à l’origine du SII( syndrome de l’intestin irritable ), ou du moins, en accentuer les symptômes. Et sans faire du SII une pathologie intestinale se résumant juste à un vécu quotidien de stress, car il est aussi et avant tout un syndrome multifactoriel ( dysbiose intestinale, diverses intolérances dont l’intolérance aux

FODMAP, SIBO, porosité intestinale), il est néanmoins important de savoir que ce syndrome touche

davantage de personnes ayant un stress élevé quotidien "non-géré" émotionnellement.

Mais outre le syndrome du SII, le stress peut aussi engendrer des ballonnements, nausées, brûlures

d’estomac, diarrhées ou même, de la constipation, et quand certaines personnes vont passer cet

épisode émotionnel sans sourciller, d’autres, submergées par leurs émotions et souffrant de stress chronique depuis trop longtemps, pourront entrer dans des maladies intestinales beaucoup plus sérieuses comme des colopathies, syndromes du côlon irritable, ou encore, ulcères. Mais pourquoi?


En réalité, le stress et l'anxiété physiologique sont capables d’ accroître la perméabilité intestinale

et de modifier les bactéries intestinales, ce qui a pour conséquence d'entraîner une nouvelle

augmentation de la perméabilité intestinale et davantage d'inflammation . Ce mécanisme est engendré via le lien existant de l'axe hypothalamus-hypophyse-surrénalien, et une production excessive et/ou quotidienne de cortisol .

Non seulement ce dernier modifie la composition des bactéries intestinales et entraine de la dysbiose intestinale, mais en déclenchant la sécrétion de molécules produites par les cellules, il va en accroître la perméabilité intestinale; de nombreuses études ont d’ailleurs permis de montrer que ces substances chimiques ( dont notamment le TNF-alpha ) interféraient directement avec le revêtement intestinal. Mais l'effet négatif d’un excès cortisol ne s'arrête pas là, car celui-ci va aussi amener une augmentation de la synthèse des substances inflammatoires produites par les cellules immunitaires . Ces cytokines accélérant l'inflammation dans l'intestin, ce mécanisme va engendrer davantage de perméabilité et stimuler exactement également le cerveau directement et de façon négative, le rendant plus susceptible de présenter des troubles de l'humeur.

C’est ainsi qu’un stress quotidien non-géré va entraîner un excès de production de cortisol, lequel aura non seulement des effets délétères envers les bactéries intestinales, mais aussi envers la muqueuse intestinale, et notre cerveau .

Un microbiote intestinal déséquilibré ( dysbiose intestinale ) par diverses causes ( alimentation en non-adéquation avec les besoins et le fonctionnement du microbiote intestinal, tabagisme, alcoolisme, drogue, certains traitements médicaux, dysbiose héréditaire) deviendra aussi un terrain bénéfique pour le stress inflammatoire, permettant à ce dernier de déclencher des démangeaisons, pertes de cheveux, rougeurs, boutons, ainsi que eczéma, urticaire, herpès et psoriasis , lors d'une situation émotionnelle subie avec intensité, via la porosité intestinale. Les infections cutanées sont, d'ailleurs, les déséquilibres les plus répandus chez les personnes souffrant de stress chronique.

Malheureusement, cette modification bactérienne du microbiote intestinal sous l'action du stress, permettra à des bactéries pathogènes et agressives de se multiplier, lesquelles seront à l'origine de certaines compulsions alimentaires ( surtout envers des aliments contenant beaucoup de sucre ) afin de pouvoir se nourrir et continuer tranquillement à proliférer, mais inversement, le stress va aussi nous amener au "besoin" d’être rassuré, et d’avoir un “doudou émotionnel", à l’instant T . Etant donné que c'est généralement vers l’aliment au goût sucré, ou contenant beaucoup de sucre, que l’on va se tourner, c’est ainsi que le stress quotidien non-géré va devenir hautement destructeur envers le microbiote intestinal, de bien des façons. D'abord, en modifiant le microbiote intestinal, en augmentant la porosité intestinale et les mécanismes inflammatoires, mais aussi en nourrissant et faisant proliférer les bactéries agressives; cette dysbiose intestinale entraînera des troubles du comportement comme le stress, l’ anxiété, la dépression et… encore plus de besoins de doudou sucre, pour continuer à nourrir les bactéries pathogènes!


Mais le sucre n’est pas le seul danger pour notre microbiote intestinal, et le fait de ne pas se connaître, de manquer d’ancrage, de se laisser impacter par des événements, des paroles, des émotions, peut aussi nous amener à avoir d’autres compulsions, alimentaires ou non, lesquelles finiront, sur le long terme, par déséquilibrer notre organisme tout entier. Ce stress non-géré, ce besoin de se débarrasser de son inquiétude, de sa colère, de ses émotions, de ce trop-plein émotionnel peut aussi être à la source d'autres addictions comme le sport à haute dose , l'alcoolisme, le tabagisme, la boulimie, l’anorexie, et même la drogue, le besoin primaire étant d’oublier ce flot de pensées, de colère, de frustrations, de dévalorisation, qui nous envahissent et que nous ne savons maîtriser.

En affaiblissant de manière continue le système immunitaire inné et le système immunitaire acquis, ce qui nuit à l’ensemble de la réponse immunitaire , le stress chronique nous rend malade.

Un deuil, un rythme de travail épuisant, de l’incertitude financière, un surplus de responsabilités, le chômage, tous ces évènements sont des éléments pouvant engendrer une tension permanente dans notre esprit, amenant notre organisme à entrer dans un processus d'inflammation en cascade, par réaction de notre incapacité à gérer ce surplus de stress quotidien.

Entrer dans la connaissance de nos blessures, de nos failles, travailler notre ancrage, entrer dans le dialogue de notre intériorité n’est pas une vision new âge, une mode de “bobo” ,ou une pratique dangereuse, c'est d'abord permettre à tous ces dysfonctionnements de ne pas affecter notre organisme, à toutes ces compulsions, addictions, de ne pas nous détruire.

C’est entrer dans la bienveillance envers soi-même, afin de se préserver au mieux et de se donner la chance de vieillir harmonieusement .


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